Circuit de Chamechaude

 

Sortie du 13 septembre

A la demande expresse d'Aimée :Compt'rendu d'rando...

 Dans la soirée du 12, je demandai à Pierrot s'il n'avait pas dans ses menus quelque chose dans les 500m en expliquant qu'en Ile-de-France l'association de randonneurs à laquelle j'appartiens ne programme que des dénivelées exceptionnelles de 50 à 100m !, et que mes ascensions de 1000m me renvoient 1/2 douzaine d'années en arrière vers le TMB ou le Piton des Neiges réunionnais. Je sentis que j'étais soutenu par Aimée qui jubilait, ainsi que Jacqueline mon épouse qui, selon toute vraisemblance, tient à me conserver encore un peu en état de marche... 

Et ce fut Chamechaude... sans trop savoir pour moi où situer l'endroit sur la mappemonde, ni quelle était la dénivelée précise qui m'attendait, ni à quels efforts il me fallait me préparer. Certes, Aimée m'avait bien fait réviser le parcours grâce à ses photos toujours remarquables, mais les fesses sur une chaise et l'œil rivé sur un écran n'ont jamais prétendu remplacer les efforts sur les pentes...  

Mais j'avais confiance, étant convaincu que, par rapport au Semnoz, la note était déjà diminuée de moitié !... Et puis, en cas de difficultés, je me sentais par ailleurs capable de former un groupe à moi tout seul, laissant les sportifs, autrement plus entraînés, marcher à leur allure conquérante d'Allobroges vaillants...

Le lendemain matin, Aimée avait préparé nos casse-croûtes avec le soin qu'on lui connaît, mais je ne jugeai pas opportun d'emporter le verre qu'elle avait ajouté ( sans le mode d'emploi qui aurait dû aller avec...! ), préférant boire l'eau à la bouteille ainsi que j'en ai l'habitude...

 Sur la place de l'église, lieu du rendez-vous, je fis la connaissance des 8 autres "ClintonRandes" qui m'accueillirent tous sourires dehors ...! 

Véhiculés avec douceur et maîtrise par Pierre, et suivis dans une autre voiture par les autres compagnes et compagnons de rando, nous avons atteint le Col de Porte à 1326m, dans l'Isère, point de départ de l'itinéraire pédestre. Quelques hectomètres auparavant, Pierrot m'avait montré le sommet qui figurait au programme. Sur le parking, je jetais un dernier coup d'œil au groupe, car je pensai que j'allais très bientôt les perdre de vue sur le sentier ...

 Je ne savais pas trop où j'en étais de ma forme physique, car bien des semaines s'étaient écoulées depuis que j'avais mis mes chaussures de rando pour la dernière fois, et, de plus, pour monter quelque 400m dans l'Estérel. Aussi, je démarrai prudemment, à mon rythme, comme d'habitude...

 Assez rapidement distancé par "7 de la bande" ( 7 mercenaires ? ), je me trouvai à proximité de Philippe et de Marlyse. Mon moteur tournait avec le tempo d'un diesel, mais il tournait !... La progression dans la forêt se fit convenablement et me fit découvrir bientôt que le parking en contrebas devenait de plus en plus petit.

Je trouvai que l'affaire se présentait plutôt bien ... 

Après une halte à la cabane de Bachasson où tout le monde s'était retrouvé, la marche reprit de la hauteur avec... l'échelle... de valeurs de chacun. Et c'est ainsi qu'à l'arrière, je cheminai un long moment avec Philippe, prenant le temps de bavarder en abondance et de faire quelques mini-pauses, Les champions étaient perdus de vue depuis longtemps, mais peu m'importait, j'étais, là aussi, en bonne compagnie... L'aura qui m'avait été décrite de Philippe en matière d'informatique me fut fort utile pour envisager de résoudre ultérieurement un problème de mon graveur qui refuse de graver ce que je lui demande de graver... Mais ce n'est pas grave !!!

 Au-delà des derniers arbres, dans l'ascension du sentier au milieu de roches blanches, Philippe me dit qu'il allait s'arrêter là et m'encouragea à continuer de grimper jusqu'au sommet de la barre rocheuse en me précisant que le panorama en valait le coup et en me recommandant la prudence car le précipice est de taille. Merci Philippe pour tes conseils !

 Je me retrouvai donc seul et, à l'approche de la crête, je fus surpris de retrouver le groupe, perdu de vue depuis un bon moment, qui avait emprunté un itinéraire plus difficile après le contournement d'un rocher aux formes singulières et fascinantes, déjà vu la veille grâce aux photos attrayantes d'Aimée... et qui amorçait déjà la descente. J'avais le sentiment d'être seul dans la voiture-balai, mais n'en avais cure !!!

Et sur cette crête quel point de vue ! Plein les yeux sous le soleil radieux ! Il va de soi que dans ma ferme natale du Poitou, où, peut-être, selon Claude Nougaro "Un coq aimait une pendule", j'ignorais l'existence même des reliefs de montagne... Certes, depuis, j'ai usé des chaussures et gravi quelques dénivelées, y compris dans les Bauges il y a presque 40 ans avec Pierrot, mon "maître à grimper", sans qu'il y ait lieu d'en faire toute une histoire... Mais ici, sur cette crête de Chamechaude, m'est venue une image : celle du Maïdo à La Réunion, à une altitude voisine et où, dans une configuration géologique étonnamment semblable à celle-ci, le regard ne peut que plonger dans le cirque de Mafate avec ses minuscules habitations très dispersées à quelque 1000 m en dessous. Ici je me suis régalé de bas en haut, parce que, comme une cerise sur le gâteau, le Mont Blanc s'offrait au loin. Quel plaisir !... et, de plus, en compagnie des choucas que, de ma vie, je n'avais jamais vus d'aussi près. Une preuve que les nombreux randonneurs qu'ils rencontrent en ces lieux ne sont pas... des sauvages !

Dans mon tour d'horizon, je vis une croix un peu plus haut sur la gauche qui ne paraissait pas très éloignée. C'est à ce moment que Pierrot, en contrebas et en route pour le casse-croûte avec le groupe, me lança :

            - Qu'est-ce que tu fais ?

            - Je monte à la croix et je vous retrouve après !

 Après avoir marché quelques dizaines de mètres, je me trouvai au pied d'un rocher et, près de la paroi où était fixé un câble, je me posai une question existentielle : Cap' ou pas cap' ? Le matin j'avais bien ressenti une petite douleur à une épaule qui se manifeste parfois, consécutive à un "double salto" non réussi sur un trottoir verglacé il y a 1an1/2...  Mais, au pied du mur je suis, au pied du mur je ne resterai pas !  

 La grimpette avec le câble se fit sans difficulté, sans risque, sans douleur...et sans haine ni violence !!! Presque un jeu ! En tous cas, un plaisir ! Holà ! Pas de triomphalisme, mais de la lucidité car, si j'avais eu à faire cette exercice pendant 1/2 heure ou plus, j'aurais peut-être souffert ! Mais qui sait ?

 A la croix, à cette altitude de près de 2100m, je fis à nouveau le plein des images dans les souvenirs, mais il me fallut me résoudre à rejoindre le groupe qui en était peut-être déjà arrivé au dessert ! 

A mon arrivée, Pierrot me fit tout de suite part, avec les compliments d'usage, de sa satisfaction de savoir que j'avais atteint mon objectif. L'accueil de "la bande des 9" fut tout aussi chaleureux. Au cours du casse-croûte, la boisson circulait, et là je pris conscience de l'absence du verre qu'Aimée m'avait fourni. Donc, sans oublier par ailleurs les petits gâteaux qui me furent offerts, je fis honneur, avec un verre d'empreint, celui de Pierrot peut-être, au Rouge de Savoie, au "Clinton", au café servi tout chaud, et ... à la CHARTREUSE VERTE ! Merci à tous.

A l'intention de Marcelle pourvoyeuse de la liqueur réputée : pour le stockage et le transport en altitude, bravo ! En revanche, il conviendrait de surveiller le responsable de la distribution sur place, en l'occurrence, Pierrot. En effet, il ne lésine pas sur la quantité qu'il verse. Certes, ce n'est pas du gaspillage, loin de là, mais il faudrait qu'il prenne soin de la capacité d'absorption du client sous peine de faire couler... l'entreprise !!! C'est ainsi que pour aller jusqu'au fond de mon verre et ne pas faire honte à la généreuse donatrice que vous êtes, il m'a fallu, après chaque gorgée de la délicieuse liqueur qui aurait pu me faire virer au vert moi aussi, intercaler une gorgée d'eau afin d'éteindre mon "feu intérieur" !!! Boisson fatale pour les points du permis - mais en ces lieux pas d'inquiétude -, mais délicieusement appréciée. Et c'est peut-être ce qui m'a fait complètement oublier dans mon sac à dos un gâteau préparé par Aimée et prévu pour la distribution au déjeuner. Quelle honte pour moi ! Ce dessert est rentré à la maison, comme il en était parti !  

 Après un dernier coup d'œil à Grenoble tout en bas, la descente vers le Col de Porte s'est faite tranquillement. Une sensation de bien-être m'envahit dans laquelle la Charteuse Verte - j'insiste sur la couleur - n'est pas seule responsable, car il y avait également la randonnée avec ses 750m de dénivelée réalisée sans dommage dans une ambiance chaleureuse au sein de ce que je pouvais appeler "la joyeuse bande à Pierrot et Aimée".  

Magnifique journée pour moi, grâce à vous tous, et Pierrot et Aimée en particulier, sans lesquels la journée aurait été évidemment toute autre.

 Et, en me remémorant votre hymne régional appris dans mon école primaire... près de Poitiers (!), je vous dis :

            Merci encore... "Allobroges vaillants dans vos vertes campagnes,(...) car j'aime à respirer l'air pur de vos montagnes... "

 

                                                                                              Kléber    

 

 

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