LE MONT GRANIER

En Chartreuse

 Cette montagne mythique, visible de tout le Bassin Chambérien et haute de 1933m, domine le Nord de la Chartreuse. Passé le Col du Granier, la promenade débute peu après le hameau de la Plagne près d’Entremont le Vieux. Ce chemin pentu et caillouteux, qui mène au Col de l’Alpette, nous est maintenant familier puisque nous l’empruntons chaque année pour rejoindre le Mont Pinet. Cette fois, arrivés dans les alpages, nous filons tout droit sur le sentier parmi les énormes blocs rocheux. Ils remettent en mémoire l’éboulement meurtrier de l’Apremont –tel était alors le nom de cette montagne- survenu le 24 novembre 1234. S’écroulèrent jusqu’à la plaine sur plus de 8km de distance, 500 millions de mètres cubes de rochers et de boues, anéantissant cinq villages (dont le village de Granier) et faisant 5000 victimes ! La montagne prit alors le nom d’un des villages engloutis, un nouveau village prit le sien, les vignes remplacèrent les champs de blés … et les printemps refleurirent par ici, comme aujourd’hui.

Après les crocus, les pensées, voici les trolles, le lotier, le myosotis, les primevères farineuses, les primevères auricules, les anémones, les orchis jaunes ou violettes, les lys de St-Bruno… et cette guirlande mauve dans un sapin : une clématite sauvage. En approchant des falaises, notre avancée se poursuit en crapahutant un peu, aidés de barreaux et de câbles. Un parcours sportif tout de même qui met du piquant sans présenter de réels dangers, les roches n’étant pas humides. Dans l’air très frais de ce matin du 8 juin 2005, environnés de barres rocheuses aux découpes parfois étrangement régulières, nous goûtons le charme de cette Chartreuse : sentiers délités parcourant une végétation riche et variée, étendues de lapiaz plus ou moins comblés, remparts de calcaire coiffés de sapins et percés de grottes mystérieuses, hauts murs aux failles inquiétantes et imprévisibles. Des globulaires à foison maquillent de bleu pâle la verdure tandis que les gentianes, reines du printemps, généreuses et lumineuses tissent en maintes places de luxueux tapis.

Tout en prenant le temps d’admirer le paysage, nous arrivons enfin au sommet près de la croix où les chocards s’impatientent à voir le déballage de nos victuailles. Après l’observation des environs et la traditionnelle leçon de géographie, retour par un autre chemin. A mi-parcours, petite pose sur un grand rocher aux formes adoucies, hébergeant une belle touffe rose de silènes acaules. Une impressionnante falaise blanche domine l’abrupt sentier à suivre. De notre perchoir, nous appréhendons ce ruban empierré qui serpente au pied de murailles aux rondeurs découpées en terrasses verdoyantes. Ce soir et demain nos jambes s’en souviendront !

Nous passons par la désormais célèbre grotte de la Balme à Colon où, en 1988, dans la profondeur des galeries (aujourd’hui rendues inaccessibles), deux spéléologues ont découvert l’un des plus importants gisements d’os d’ours des cavernes (environ 9000 squelettes), cet animal disparu en Chartreuse depuis 20.000 ans.

Après le confort de la forêt, nous foulons les hautes herbes des prairies où boutons d’or, marguerites, géraniums sauvages, trèfles en fleurs et autres merveilles font le régal des vaches. Arrivée au cœur du petit village, devant le four banal. Une belle journée de montagne comme on les aime !                                                                                                                                                                                                Ginette

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